TIM EITEL | Les enfants du Paradis
Hors les murs 27 avril 2019 - 26 août 2019Adresse : MUba - Eugène Leroy | 2 rue Paul Doumer, 59200 Tourcoing, France
La peinture a longtemps été fascinée par la recherche de l’Ailleurs. Les peintres des 18ème et 19ème siècles ont même nourri l’imaginaire collectif et soutenu l’aventure coloniale par des visions exotiques ou orientales largement rêvées, et surtout très stéréotypées. Impossible d’y revenir : au XXe siècle, la peinture a développé sa conscience critique, s’est éloignée de ces exotismes trompeurs et a massivement accompagné les combats politiques les plus émancipateurs. La quête d’autres horizons est sans doute alors à chercher du côté de l’abstraction, qui ouvre à la peinture et à ses regardeurs des zones nouvelles, faites de réflexion et de spiritualité, baignées dans la matérialité des couleurs mais clairement détachées des contingences réelles du monde. Y-a-t-il encore un Ailleurs pour la peinture aujourd’hui ? Que peuvent encore proposer les peintres dans un monde globalisé, cartographié à l’extrême et surtout saturé d’images ? Quand les visions de l’exotisme sont surtout le fait d’une industrie touristique qui promeut et survend des “destinations de rêves” très formatées ? C’est cette situation très actuelle de la peinture qu’entend aborder l’exposition Les Enfants du paradis, avec un titre emprunté pour sa poésie au célèbre film de Marcel Carné où les personnages sont aussi extravagants que mélancoliques.
À la poursuite de l’Eldorado, et à la recherche d’un autre ailleurs qui ne soit ni l’exotisme ancien du monde colonial, ni les visions formatées du tourisme mondial, ni le rêve ultra- capitaliste des paradis fiscaux, l’exposition Les Enfants du paradis rend compte d’une nouvelle génération de peintres français et étrangers qui, depuis plusieurs années, peuplent l’espace de la toile de scènes énigmatiques, de paysages indéterminés, de paradis délavés, de communautés improbables. Qu’ils s’inspirent de rites folkloriques ou revisitent les idéologies utopiques des dernières décennies, ces artistes voguent librement entre figuration et abstraction et réaffirment la force de l’image peinte au sein d’un monde contemporain qui se tourne de nouveau vers la nature, à l’inverse d’un imaginaire romantique. C’est une nature comme territoire d’une nouvelle confrontation de l’homme face à un besoin décuplé de sortir du cadre. Leurs rêveries picturales affirment la peinture comme un lieu de jouissance intense et colorée : l’art comme Eldorado.
Signe d’une véritable richesse et d’un renouveau de la peinture contemporaine, l’exposition invite à un voyage autour d’explorations picturales inédites, entre enchantements et désenchantements, entre illusions perdues et nouvelles extases.
commissaire : Jérôme Sans, Jean-Max Colard, Isabelle Bernini
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