ANGE LECCIA, JEAN-LUC VILMOUTH | Silent Waves

Foire 19 octobre 2023 - 22 octobre 2023

Adresse : Paris+ par Art Basel Grand Palais Éphémère 2 place Joffre 75007, Paris

Paris + by Art Basel 2023 | booth F19 

 

Silent Waves témoigne d’une amitié artistique née au milieu des années 1980 et prolongée hors du temps. Elle présente les œuvres d’Ange Leccia et de Jean-Luc Vilmouth comme deux ondes qui se propagent à la même vitesse. Opposées et complémentaires, elles produisent des vibrations. Lorsqu’elles se rencontrent, la crête de l’une rejoint le creux de l’autre. Les ondes se stabilisent alors en point fixe, calme et silencieux. Silent Waves est conçue comme une capsule infinie et ouverte, contenant des ondes qui se propagent, qui transforment l’espace et nos manières de l’habiter.

 

Dans un paysage enneigé, l’environnement sonore est moins bruyant, plus étouffé qu’à l’accoutumée. Le monde semble plus calme, le bruit se perd autour de nous. Silent Waves présente les œuvres d’Ange Leccia et de Jean-Luc Vilmouth comme deux ondes qui se propagent à la même vitesse jusqu’à leur point de rencontre. L’interférence de leurs infimes vibrations crée un espace cotonneux, comme un horizon de bruit blanc, et nous transporte dans un état contemplatif ou méditatif.

Chacune à leur manière, leurs œuvres élargissent nos attentions à d’autres rythmes de perception. Jean-Luc Vilmouth définit sa pratique comme celle d’un « augmentateur » du réel. Il donne à voir le rayonnement des objets et des situations, comme l’onde qui se répand à la surface lorsqu’un caillou tombe dans l’eau. Autour d’un arbre (1974) révèle la base d’un tronc saupoudré de pigment rouge formant un filament incandescent, comme si sa souche, ardente, s’était mise à irradier. Dans My Dream Houses (2000-2015), l’artiste rencontre des habitants de différents pays, revêt leurs vêtements et pose devant leur maison : la série replace l’humain au centre de son environnement immédiat qui devient alors unique : une augmentation propre à chaque être vivant. 

Dans un mouvement opposé, les œuvres d’Ange Leccia évoquent les notions de concentration ou de fusion. Par des gestes simples, comme des superpositions d’images ou des « arrangements » d’objets, Leccia fait apparaitre les moments de vibration, ces instants en suspension lorsqu’une rencontre a lieu. Évoquant l’alchimie amoureuse, Le Baiser (1985) dévoile la puissance attractive de deux sources lumineuses placées face à face. Dans Ikebana (1993), deux camions à caisse ouverte, identiques, sont remplis de plantes ; renvoyés dos à dos, les véhicules perdent leur fonction initiale pour devenir le support poétique d’une forêt suspendue.

Dans la vidéo Audrey (2018), Ange Leccia lie les images d’un visage cadré serré avec celles d’un paysage tropical et d’explosions de fumée. À la fois présente au monde et résolument absente, la jeune femme au regard lascif semble éprouver des émotions fluctuantes, adolescentes. Sur le moniteur posé au sol, la même incertitude plane : résultat d’un signal trop faible, l’image de la neige télévisuelle entre en vibration avec une chemise Comme des Garçons abandonnée (1987). Le voile du vêtement grésille et se met à trembler, comme une apparition incertaine de la matière au-delà de l’écran.

Les œuvres inédites de Jean-Luc Vilmouth (2015) relèvent d’un silence assourdissant. Science for the blind se compose de 135 dessins listant les radionucléides émis lors d’une explosion nucléaire. Après l’onde de choc dévastatrice, l’environnement anéanti entre en mutisme. Invisibles à l’œil nu, les radionucléides continuent pourtant d’irradier, rendant impossible toute forme de vie. Dans Nature and Me, l’artiste plonge littéralement dans les plantes, comme l’on s’immergerait dans les profondeurs de l’eau. Dans ces espaces méditatifs, le temps semble infini et le rapport au monde, élargi.

Exposées ensemble, les œuvres de Leccia et Vilmouth témoignent de leur amitié artistique et humaine. La formule « être en relation » s’applique aussi bien à leur pratique qu’à leur conception de l’art et de l’enseignement. En effet, à partir de 1985 aux beaux-arts de Grenoble, ils ont favorisé l’apparition d’une zone de pensée commune pour toute une génération d’artistes tels que Dominique Gonzalez-Foerster, Bernard Joisten, Pierre Joseph et Philippe Parreno, Pierre Huygues, Véronique Joumard ou Vidya Gastaldon. Pour eux comme pour leurs aînés, l’expérience de l’art s’exprime par le biais de la relation à l’autre, devenue centrale.

Au milieu de la pièce, une boule de neige qu’un humain aurait façonnée condense le bruit blanc du monde. Minutieusement disposée sous sa cloche de verre, Glass science de Vilmouth invite à se réunir autour d’une forme ronde, à entrer en relation et échanger, à notre tour, des ondes silencieuses.

Photos : Max Borderie

Communiqué de presse (PDF)

commissaire : Marie Brines

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