LOUIDGI BELTRAME | IRENE KOPELMAN | Trois pièges, une caméra

In situ 11 janvier 2014 - 22 février 2014

Louidgi Beltrame et Irene Kopelman sont ici préoccupés par des sites dits naturels dont ils font l’expérience, tant de la réalité de leurs représentations que de la représentation de leur réalité, au moyen d’outils et de protocoles d’enregistrement spécifiques. Une caméra pour l’un, des pièges pour l’autre. Voilà des outils donc, qui produisent un film – The Walking Tree – et un ensemble de dessins – Leaf Litter Trap, deux œuvres, donc, autant dire deux espaces conceptuels, entre lesquels vient se glisser un texte de Santiago Garcia Navarro.

Santiago Garcia Navarro (Né à Mar del Plata, Argentine. Vit à Rio de Janeiro) est écrivain, chercheur et critique. Il développe depuis 2008 un essai-fiction intitulé Winters at a Beach Town. Il enseigne à la Torcuato Di Tella University Art and Architecture Schools à Buenos Aires.

 

Irene Kopelman, Leaf Litter Trap, 2012 31 dessins, pencil on paper, 24 x 24 cm

Leaf Litter Trap est un ensemble de 31 dessins qu’Irene Kopelman a produit lors d’un séjour de recherche au sein de 2 stations au Panama de la Smithsonian Tropical Research Institution (STRI) – laboratoire scientifique au sein duquel travaillent notamment des biologistes qui étudient la forêt tropicale et les zones humides. Irene Kopelman ayant d’abord décidé de suivre les scientifiques et de s’intéresser à leurs méthodes de travail sur le terrain, a découvert en marchant dans la forêt de mystérieux objets – de petites constructions tubulaires en PVC. Ces objets s’avèrent être utilisés pour collecter les végétaux tombant des arbres – sorte de pièges à feuilles que l’artiste emprunte alors pour approcher, enregistrer et représenter le site selon un protocole expérimental.

« 13 août. Je décidai d’un emplacement tout à fait arbitrairement – je choisis simplement un lieu où il y avait de nombreux arbres, espérant que beaucoup de choses en tomberaient. Le jour d’après je trouvai de très petites choses dans mon filet. Je les collectai
puis les dessinai, mais je fus un peu déçue de ma prise. Je ne savais pas quelles conditions produiraient une bonne quantité de matière, donc je continuai. Les jours suivants se déroulèrent de la même façon, avec peu de feuilles mortes. Le 4ème jour, je décidai d’installer deux nouveaux pièges dans des emplacements différents, espérant que d’autres matériaux tomberaient dans leurs filets.

17 août. J’installai deux pièges, l’un sous un arbre appelé Cecropria (dont je voulais absolument dessiner les feuilles) et l’autre sous un arbre dont les feuilles avaient été partiellement mangées par des chenilles, créant ainsi des motifs des plus intrigants.
Les neuf jours suivants se passèrent à dessiner le matériel tombé dans les filets. » I. K.

 

Louidgi Beltrame, Jadu Ghar (House of Magic) n°1, 2014
Photographie noir & blanc, tirage argentique sur papier baryté monté sur aluminium et bois, 60×40 cm

Cette image, issue d’un ensemble de 4 photographies, a été prise dans la section géologie de l’Indian Museum à Calcutta avant sa fermeture en 2013 pour rénovation. Cette institution est le premier musée indien fondé en 1814 par la « Asiatic Society of Bengal ». Son premier conservateur, le Dr Nathaniel Wallich, fut un temps Super-Intendant du jardin botanique de Calcutta pour le compte de la « East Indian Company ».

 

Louidgi Beltrame, The Walking Tree, 2014
Film Super 16 mm transféré sur vidéo HD, 35 mn

Louidgi Beltrame filme en 16 mm un grand banyan situé dans le jardin botanique de Calcutta. Cet arbre, qui a la particularité de s’étendre en rhizome sur plusieurs centaines de mètres, est approché comme une forêt de clones, un espace métaphysique où des histoires refont surface : l’histoire de l’invention et du développement parallèle de la photographie et de la télégraphie dans le contexte de l’Inde colonisée, le rêve de Linné selon Foucault, des réminiscences du cinéma de Ritwik Ghatak et de Satyajit Ray où réel et fiction se sont rencontrés.

The Walking Tree
Un film de Louidgi Beltrame

Avec la voix de Lambert Wilson

Photographie : Ville Piiipo
Son : Térence Meunier
Musique originale : Stéphane Laporte Mixage son : Mikaël Barre
Production exécutive : Sumantra Mukherjee

Sources :
– Richard Drayton, Nature’s Government, Yale University Press, 2000
– Christopher Pinney, The Coming of Photography in India, The British Library, 2008 – Ritwik Ghatak, Cinema India, Ed. Shampa Banerjee, 1982
– Michel Foucault, Les Mots et les Choses, Gallimard, 1966
– Satyajit Ray, Our Films Their Films, Ed. Orient Balckswan, 1976

Un grand merci à : Dr Paramjit Singh, Directeur du Botanical Survey of India, Stéphane Amalir, Directeur de l’Alliance Française du Bengale, Praneet Soy, Elfi Turpin, Catherine David, André Fèvre.

Vernissage : 11/01/2014 4:00

commissaire : Elfi Turpin

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