THOMAS GRÜNFELD | Figures de l’animal
Hors les murs 17 mars 2019 - 16 juin 2019Adresse : Abbaye Saint-André CAC Meymac | Place du Bûcher, 19250 Meymac
Qu’est-ce qu’un animal ? La réponse à la question paraît simple : tout être vivant qui n’appartient pas à l’espèce humaine. Cette définition courte laisse pourtant des zones grises du coté du seuil où commence la vie et à l’autre bout où elle construit une frontière entre les espèces supérieures, dont la réalité s’amenuise sous l’effet de découvertes révélant des porosités tant en ce qui concerne l’habileté, que l’émotion, l’intelligence ou encore du langage. Les récentes polémiques sur la souffrance animale, amplifiant celles antérieures portant sur l’usage des fourrures ou qualifiant de domination esclavagiste nos rapports aux animaux domestiques et plus encore familiers, montrent la fragilité et la complexité de notre position.
Les processus de civilisation visent en effet à construire un positionnement autonome par rapport à l’environnement qui réduit les risques dus à son instabilité et donc à l’égard des animaux quels qu’ils soient. Ils associent mise à distance, curiosité, appropriation carnivore, asservissement opportuniste ou sujétion affective.
La quête de l’exotisme et la recherche de la singularité par l’acquisition d’animaux à priori non adaptés au climat sous nos latitudes et moins encore à la vie citadine (pythons, caïmans et autres), confirment par leurs excès l’amplitude du processus.
Ces contacts multiples (plus adverses que complices), parfois marqués par la promiscuité, sont à la fois inévitables et nécessaires. L’humanité ne peut ignorer, ni se passer de cette relation vitale.
De l’insecte au mammifère, en englobant les poissons, les oiseaux ou les insectes, du minuscule au gigantesque, du familier à l’exotique, du compagnon du foyer à l’adversaire potentiel, les références abondent. L’animal, selon une intensité commandée par sa nature, est la figure radicale de l’altérité. Il interpelle l’humanité sur la place qu’elle imagine être la sienne dans le monde.
Car l’animal complice ou menaçant, soumis ou rebelle, échappe à celui qui l’observe parce qu’il est porteur d’une irréductible étrangeté qui le maintient du coté du sauvage, voire du monstre. Une représentation latente qui handicape la familiarité domestique qu’on lui accorde. La bête reste tapie dans le corps du chien ou du chat.
Et c’est paradoxalement cette ambivalence essentielle qui inspire son appropriation sous la forme de la peluche tendre ou son exhibition caricaturale sous la forme du masque.
Dans le rapport à l’animal, l’homme cherche à définir sa singularité, la nature de ce qui constitue le fond de son identité. L’animal à cause de ses proximités multiples (physiques et comportementales), est à la fois l’illustration de l’écart qu’il ressent et la manifestation d’une continuité qui le raccroche au grand ensemble de la planète.
Dans une exposition les transcriptions métaphoriques et les dimensions projectives l’emportent. On retrouvera dans celle-ci les distorsions d’échelle selon la taille ou la force, l’expression inquiétante de la sauvagerie, la figure du monstre, les représentations fantasmées de la violence, de la menace et de la peur qui sont toujours l’expression d’une altérité incomprise ou d’une tentative de domination échouée.
Photos: Aurélien Mole
Vernissage : 16/03/2019 6:00
commissaire : Jean-Paul Blanchet, Caroline Bissière
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