EVA NIELSEN | Horizones – Exposition 23e Prix Fondation Pernod Ricard
Hors les murs 6 septembre 2022 - 29 octobre 2022Adresse : Fondation Pernod Ricard, 1 cours Paul Ricard, 75008 Paris
« Horizones (Journal de bord) – Épisode 1
« Je commence ce journal alors que je vais voir Colette, Claire, Inés et Paul pour lancer le 23e Prix de la Fondation Pernod Ricard. Il me faut rédiger une note d’intention (la voici !) et annoncer le programme du compagnonnage.
La semaine du 25 octobre, j’ai rencontré Eva, Benoît, Fabiana, Hélène, Elsa et Timothée pour leur dire que je souhaitais qu’ils et elles participent au prix. Cela faisait quelques mois que leurs noms s’étaient imposés à moi, très vite, avec plaisir – un plaisir décuplé par le fait de garder cette liste pour moi, comme une construction mentale recomposée à mon gré, à l’abri des regards, des conseils avisés ou intéressés. Je crois que cette discrétion a été bien gardée. Il m’était important de leur proposer de participer la même semaine, dans un même mouvement, d’expliquer à chacune d’entre elles, à chacun d’entre eux pourquoi j’avais envie de l’exposer, pourquoi leurs pratiques à la fois me plaisaient, me mobilisaient, me faisaient penser et m’accompagnaient depuis que je les avais découvertes. Je voulais leur annoncer « en vrai », comme on dit, pour sceller le début d’une aventure commune alors que mon « historique », comme on dit aussi, avec elles et eux est très divers : entre treize ans et quelques semaines.
Mardi midi, rue de l’Ourcq : Eva, que je connais depuis ses études aux Beaux-Arts de Paris, me reçoit dans son atelier pour découvrir ses dernières toiles et bien plus. Mercredi matin, Bastille : Benoît, entouré des figures endormies de Georges Jeanclos, me parle des plantes qu’il vient d’exposer à la FIAC et s’apprête à rendre à leurs propriétaires. Mercredi midi, près du canal Saint-Martin : après le récit de sa dernière performance à la Cité internationale des arts, Fabiana me prend la main pour accepter ma proposition alors que le soleil fait son apparition sur notre table en terrasse. Mercredi soir, rue Daguerre : Hélène, avec qui j’ai fait en mai une visite par téléphone de son exposition au CRAC Montbéliard, m’offre du très bon vin pour notre première rencontre. Jeudi matin, Odéon : Elsa, pour une reprise de conversations antérieures et imaginer ensemble ce qui sera peut-être l’une des premières œuvres de l’exposition. Vendredi matin, zoom inter-régional : Timothée, rencontré pour la première fois à Bâle le mois précédent, me donne rendez-vous pour visiter en février son atelier à Marseille. Et il y a Jean-Michel, que je ne pouvais plus aller voir dans le Maine-et-Loire depuis sa disparition le 18 mars dernier mais dont la liberté farouche et le constant désir de renouvellement m’ont incité à l’intégrer à cette exposition, comme un horizon possible des bienfaits d’un éclectisme maîtrisé.
Rien ne relie (vraiment, encore) ces six artistes + 1. Il nous reste près d’un an de travail, de conversations, de décisions, de production et de doutes pour concevoir ensemble une exposition. En chemin, il y aura des rencontres, des événements, un ciné-club… Quant à ce titre Horizones, provisoire ou définitif, mot-valise et terme nouveau, il nous reste à lui trouver une définition pratique. J’ai l’intuition qu’il est la parfaite métaphore pour décrire la formation
organique d’un paysage artistique contemporain produit par la rencontre d’univers esthétiques singuliers.»
— Clément Dirié, 26 novembre 2021″
commissaire : Clément Dirié
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