ANGE LECCIA | Ravir la force mais toujours aimer
Hors les murs 25 mai 2019 - 31 octobre 2019Adresse : Abbaye de Jumièges | Rue Guillaume le Conquérant, 76480 Jumièges
En Seine-Maritime, l’exposition 2019 du Centre d’arts visuels de l’Abbaye de Jumièges, est entièrement consacrée à l’artiste Ange Leccia, lequel a reçu carte blanche pour y présenter des vidéos inédites. Considéré comme l’un des artistes majeurs de la vidéo, la lumière et l’image combinées à l’humain constituent la matière première de son œuvre artistique.
Pionnier français de l’art vidéo depuis les années 1980, Ange Leccia est connu pour ses sculptures visuelles issues d’une réflexion sur l’image en mouvement. Le plus souvent, celles-ci prennent forme à travers des installations dans un jeu d’échos et de références propres à son univers nourri de lumières, d’apparitions féminines fantomatiques et de l’élément marin. Dans son processus de création, la notion de temporalité s’avère toujours très diffuse chez l’artiste qui considère que rien n’est figé.
Pour Jumièges, l’artiste-vidéaste a réalisé six créations autour des thématiques du voyage, de l’amour ou de l’eau. Bien connus, ses motifs de prédilection le font voyager de la Méditerranée à la Seine. Sous l’intitulé Ravir la force mais toujours aimer, l’exposition est programmée du 25 mai au 31 octobre 2019, soit près de 6 mois.
En complément et à quelques kilomètres du logis abbatial de Jumièges, l’œuvre majeure intitulée La Mer sera présentée à Rouen en très grand format dans le contexte du rassemblement des grands voiliers de l’Armada. Projetés en continu durant une heure sur l’emblématique Tour des Archives de l’hôtel du Département, bâtiment érigé en bordure de la Seine, les ressacs vidéo de La Mer seront visibles chaque soir du 6 au 16 juin.
Dans son mode de travail, Ange Leccia utilise une banque d’images qu’il retraite sous diverses versions. Ainsi, La Mer créée initialement en 1991 sera présentée à Rouen dans une version totalement inédite. A l’origine, les images de cette vidéo avaient été filmées au moyen d’une caméra basculée à 90° au dessus d’une plage corse avec un seul plan fixe monté en boucle.
A Jumièges, Ange Leccia s’est également inspiré du site de l’abbaye. L’artiste a eu connaissance de cette dérive fluviale portée par la légende régionale des « Enervés de Jumièges « traduite artistiquement à la fin du XIXème par le tableau éponyme d’Evariste-Vital Luminais. Pour mémoire, il s’agit de l’histoire de deux fils du roi Clovis punis par leur père pour rébellion. En supplice, les deux adolescents subirent une énervation avant d’être embarqués à la dérive le long des méandres de la Seine, à bord d’un radeau. Ils furent finalement recueillis par l’un des moines de l’abbaye. A Jumièges, Ange Leccia s’est inspiré de ce glissement sur les flots d’adolescents apparaissant en miroir.
Au cours de son processus de création, Ange Leccia s’est s’inspiré de paroles de navigateurs. De leurs propos, les éléments du ciel et de la mer ont ainsi émergé comme incarnant les compagnons essentiels de traversées maritimes. Si le ciel apparaît à la fois comme un repère et élément anticipateur de la météo, il intervient aussi comme compagnon métaphorique et métronome du temps, du lever au coucher de soleil. En autre élément s’impose la mer, celle que « les coques des bateaux sillonnent et caressent comme une peau lisse ou ridée » et que l’on retrouve sous forme de soleils couchants sur la Méditerranée. En filigrane, des visages féminins se superposent, tels des paysages.
A l’aspect visuel des vidéos présentées à Jumièges, Ange Leccia ajoute un relief sonore agissant en dissonance, constitué de chansons attachantes devenues «tubes» et datant des 50 dernières années. Réalisée pour l’occasion par le sound designer Perez, une bande-son unique à toutes les vidéos renvoie le visiteur vers ses propres souvenirs disloqués, portés par des mélodies connues de tous, de celles que nous écoutons sans leur prêter attention tant elles font partie d’un paysage musical générationnel et correspondent à des périodes de nos vies.
En accompagnement de la proposition visuelle d’Ange Leccia, un ouvrage poétique a été réalisé par une collaboration entre l’historien de l’art Fabien Danesi et la graphiste Anna Toussaint.
Vues de l’exposition personnelle d’Ange Leccia Ravir la force mais toujours aimer, Abbaye de Jumièges (25.05.2019 – 31.10.2019). Photos: Coline Jourdan
Vernissage : 25/05/2019 10:00