ANGE LECCIA | Eblouissements

Hors les murs 5 novembre 2019 - 23 novembre 2019

Adresse : Maison Auguste Comte | 10 rue Monsieur le Prince, 75006 Paris, France

L’art d’Ange Leccia s’origine dans une réflexion sur l’image. Ses arrangements d’objets et de véhicules, réalisés dans les années 1980, étaient déjà informés par le cinéma. Le développement de ses recherches filmiques et photographiques, tout au long des années 1990 jusqu’à aujourd’hui, relève d’une totale continuité dans sa quête de l’énoncé pudique d’une émotion non verbalisable. Reprenant les motifs de son répertoire, qu’il augmente constamment, il articule les images dans l’espace d’exposition, pour suspendre le temps et construire des situations se régénérant sans cesse. Si les motifs de la répétition, de la boucle et de la variation caractérisent l’art du montage pratiqué par Ange Leccia, il faut comprendre cette régénérescence permanente dans une dimension organique de l’image, qui nous convie à un présent éternel.

Dans la maison d’Auguste Comte, il intervient in situ, en dialogue avec le “domicile sacré” et les énergies qui l’ont traversé. La pratique de l’arrangement procède pour Ange Leccia d’une véritable entrée en dialogue avec l’esprit des lieux, afin d’effacer les effets négatifs du Moderne Denkmalkultus, le culte moderne des monuments décrit par Aloïs Riegl : un bâtiment chargé d’histoire ne doit pas être figé dans le passé, dans une dimension conservatoire qui le couperait du présent. L’artiste, mieux que quiconque, est en mesure de placer un tel lieu dans un temps actuel, partageable avec ses contemporains. Sa méthode est celle de l’intropathie, à la manière baudelairienne. Par ce procédé poétique de communication avec l’âme des êtres ayant vécu là, il recrée le contact entre leur temporalité et la nôtre.

Les images vidéo qu’il fait apparaître sur les murs, en différents emplacements de l’appartement, sont des évocations des présences féminines qui ont entouré Auguste Comte, notamment Clotilde de Vaux, son grand amour, mais aussi Sophie Bliaux, sa domestique et fille adoptive, la gardienne des lieux, et Caroline Massin, son épouse.

Dans la dernière salle du parcours de l’exposition, la chambre du grand homme, en écho à sa tenue de gala et son chapeau haut-de-forme, conservés et visibles à côté de son lit, le visage de La Callas apparaît sur un moniteur Trinitron. Comme des effractions, véhicules des intensités de l’art, ces images muettes placent l’émotion fulgurante de la diva sur une crête extrême, en suspension.

Pascal Beausse

Vernissage : 05/11/2019 12:00

commissaire : Pascal Beausse

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