SEULGI LEE | Zig Zag Incisions

Hors les murs 12 February 2017 - 14 May 2017

Address : CRAC Alsace | 18 rue du Château 68130 Altkrich, France

Des cerfs-volants, des cerfs-volants; d’innombrables cerfs-volants,

des pentagones psycho-acides, certains avec des sourires fous de tortues Ninja, tenus par des lignes invisibles de force et d’intensité variables. Leurs structures vernaculaires sont secouées par des rafales de vents tropicaux, sentant l’orage arriver et le ciel s’abattre sur la ville. Les cerfs-volants sont poussées contre les murs d’un bâtiment moderniste décrépi. Ils s’y heurtent, s’y collent, recouvrent l’humidité du béton impuissant d’un chevauchement de fractales et de couleurs dans un arrangement kaléidoscopique sauvage. La trajectoire aléatoire du vent et de la mousson accroche le mythe mineur d’un cerf-volant au rituel à demi oublié d’un mur moderniste. De grosses gouttes de pluie trouent le papier, le déchiquettent, laissant quelques fragments de géométrie volante collés aux surfaces sales, là pour un temps. Peut-être un temps géologique.

Il n’y a rien d’inconcevable dans l’art de traverser, une fin d’après-midi, la surface plane d’une place publique en marchant en zigzag, en observant du coin de l’oeil ce qui se passe à la périphérie de cet espace large et désolé. C’est simplement une méthode, une autre façon de pratiquer les tangentes. Marcher en zigzag consiste à inscrire le hasard dans les géométries à faible impact de n’importe quels ville, forêt ou désert latino-américains. De même, si vous passiez par là, et si vous aperceviez de fines lignes noires dessinant les rivières voisines sur un bol en céramique laissé sur la table d’une maison ouverte, vous sauriez où les habitants de cette maison sont allés pêcher. Pourvu que vous sachiez lire le code, bien sûr. Une question de proximité.

De retour sur la place, zigzaguant plus près de ses périmètres variables, si vous jetiez un coup d’oeil sur la gauche, vous pourriez apercevoir deux hommes, main dans la main, en train d’exécuter un tango parfait, avec un style et une élégance dépassant toute description. Si dans le même temps, vous regardiez discrètement à droite, vous pourriez capter les pirouettes d’un insecte (probablement une mouche) s’échappant par la vitre arrière d’un taxi, laissant un passager à moitié soûl gesticuler frénétiquement derrière le conducteur et raconter l’histoire d’un autre trajet, de A à B en passant par Z. Il y aurait des chances que vous ayez été pris dans l’une des boucles de la mouche. Vous auriez juste à être très très bon dans la pratique du regard oblique. Pratiquez souvent.

Mais ce qui arrive à Asuncion ne reste pas à Cocosolo. Le vent, qui vient de finir de feuilleter le livre de géométrie que le Professeur Amalfitano a laissé suspendu dans sa cour à une corde à linge, dans ce ready-made malheureux qu’est la ville de Santa Teresa, pour voir si un axiome pouvait apprendre quelque chose de la vie réelle et réciproquement – ce vent-là apportera le concept d’attracteurs étranges aux cactus qui poussent dans les montagnes entourant Lima. Quelques heures plus tard, quelqu’un cuisinera le cactus et verra les fractales projetées sur des choses, la nuit, comme les signes d’un autre langage s’amoncelant devant ses yeux en amande. Nous avons regardé les lumières qui passaient, comme dans l’hymne post-dictature de Charly: rouge, vert, jaune, vert, fuchsia. Nous avons traversé la place, les couleurs, les humains et quelques autres humains. Nous n’étions pas étrangers.

 

Victor Costales, janvier 2017

Vernissage : 12/02/2017 11:30 am

Curator : Victor Costales, Elfi Turpin

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