Philippe Starck

Après le succès rencontré lors de la première exposition « Philippe Starck, les années 80 », où un très large public était venu découvrir ou redécouvrir les premières créations de designer français, la galerie Jousse Entreprise lui consacre une seconde exposition qui présentera une nouvelle sélection d’objets caractéristiques et de meubles réalisés en petite série, ainsi que de nombreux prototypes.

Philippe Starck, dont le travail ne cesse de repousser les limites et les critères du design, est devenu l’un des créateurs les plus reconnus de la scène internationale contemporaine. Comme Starck aime à le rappeler, il est avant tout « un observateur attentif de notre humanité et un explorateur des possibilités ». De là, il tire des visions qu’il applique à des lieux et objets « bons » avant d’être « beaux » – des produits de notre quotidien tels des meubles ou un presse-agrume en passant par des méga yachts révolutionnaires, des modules d’habitation spatiale développés en collaboration avec Axiom Space et la Nasa, des hôtels et des restaurants aspirant à être des lieux stimulants, fantasmagoriques et intensément vivants. « Mon principal territoire, c’est l’évolution », explique-t-il.

Des objets élégants et intelligents

Créateur à la personnalité flamboyante et innovante, Starck attire dès ses débuts la curiosité du monde du design. Son esprit libre et visionnaire n’échappe pas à l’attention des rares éditeurs français : Electrorama diffuse l’un de ses premiers luminaires dont l’« Easylight », mais aussi le très radical « Stanton Mick » (1979).

Sans concession, il développe pour les 3 Suisses une gamme de meubles au design minimal et monochrome, dont les luminaires « Sandy Jesperson » (1985). L’élégance de ces meubles lui vaut un premier succès auprès du grand public. La collaboration avec 3 Suisses présente également la première maison en bois vendue en kit, un concept précurseur que Philippe Starck confirmera 30 ans plus tard avec la création de la maison individuelle écologique P.A.T.H.

La reconnaissance internationale ne tarde pas. Il devient, à 35 ans, le seul designer français à pouvoir rivaliser avec la génération de créateurs italiens, grâce aux grands noms de l’édition italienne tels que Baleri, Driade et Flos qui le mettent à leurs catalogues. Des relations qui se poursuivent aujourd’hui, avec l’édition de plusieurs nouvelles créations chaque année.

La reconnaissance institutionnelle, quant à elle, vient avec l’aménagement des appartements privés du Président Mitterrand au Palais de L’Elysée (1982). Pour évoquer ce lieu, la galerie exposera le Pratfall, prototype du siège de la bibliothèque. Cette commande assoit sa légitimité et lui assure une reconnaissance de la profession et du public qui ne se démentira pas dans les décennies suivantes, où Starck se verra notamment confier la direction artistique de la présidence française à l’union Européenne (2008) et recevra des prix prestigieux tels que Chevalier des Arts et des Lettres (1985) et Chevalier de l’Ordre National de la Légion d’Honneur (2000).

Des espaces théâtralisés

Depuis les années 80, Starck n’a cessé d’investir nos espaces de vie et de marquer durablement les esprits.

Désireux de créer des lieux expérimentaux à la fois subversifs et poétiques dans lequel on vit mieux, il théâtralise les espaces qu’il dessine. Le public s’y précipite, autant pour voir que pour y être vu. A titre d’exemples, les boîtes de nuit dont le sulfureux Starck Club de Dallas (1982) ou le plus usité Puzzle pour Jean Castel (1987), pour lesquels il crée du mobilier dont des tabourets de bar et des tables ; ou encore les plus récents Caffé Stern (2014) et Quadri (2018), Brach Paris (2018) et Cidade Matarazzo (2022).

Pour évoquer ces lieux, l’exposition présentera l’emblématique chaise à trois pieds du mythique Café Costes à Paris (1984), le tabouret à la ligne pure du restaurant Manin à Tokyo (1987), le siège prototype de l’hôtel newyorkais Royalton (1988) et les chenets de l’hôtel Paramount (NY, 1990).

Vernissage : 09/03/2023 5:00