Collectif Pierre Jeanneret

1896-1967

Architecte et créateur de mobilier privé ou urbain, Pierre Jeanneret a longtemps collaboré avec son cousin Le Corbusier, notamment par la création et l’animation des CIAM. Dans l’ombre et la discrétion qui lui convenaient, il réalisa une oeuvre qui témoigne d’une pensée originale et exigeante. Entre les deux hommes, il y avait une différence d’approche. Là où Le Corbusier privilégiait l’ordre et l’organisation, Pierre Jeanneret avait des idées qu’il qualifiait lui-même de « toujours un peu anarchiques » et, toute sa vie, il cultiva un esprit d’expérimentateur, assemblant par exemple des matériaux trouvés, fruits de ses observations. Malgré tout, au soir de sa vie, il déclara qu’il était « l’architecte le plus voisin de Le Corbusier sur le plan de l’action. »

À partir de 1950, invités par Nehru, les deux hommes furent les principaux maîtres d’oeuvre de l’édification de la ville de Chandigarh, destinée à devenir la capitale de l’État du Penjab, après la guerre entre l’Inde et le Pakistan. La ville contient aujourd’hui la plus importante concentration d’oeuvres de Le Corbusier et de Pierre Jeanneret au monde.Pendant quinze ans, Pierre Jeanneret consacra tous ses efforts à ce projet. Sur une surface plus grande que celle de la ville de Paris, pour une population qui dépasse aujourd’hui le million d’habitants, il s’agissait d’édifier, outre une zone d’affaires, un secteur industriel et un quartier administratif, mais aussi des voies de circulation et des quartiers d’habitation. Pierre Jeanneret s’entoura d’une équipe de jeunes architectes indiens. Il finit par s’établir à Chandigarh et, dans une remise en question de ses propres idées et conceptions, il adopta souvent le point de vue indien. Pour lui-même et Le Corbusier, il résuma le sens de cette aventure en tout point démesurée par une formule saisissante : « Chandigarh était pour nous deux en quelque sorte une clairière dans la jungle humaine. »

Pierre Jeanneret se situe ainsi, constamment, au carrefour de ses deux préoccupations : concevoir des objets pour les habitants et affirmer la puissance d’invention comme la valeur universelle du mouvement moderne. Il ne quitte Chandigarh, en 1965, que contraint par la maladie et meurt quelques mois plus tard, à Genève, en 1967.

DL

Oeuvres de l'artiste

Expositions de l'artiste