À VENIR | ANGE LECCIA « SLOW »
In situ 10 octobre 2024 - 16 novembre 2024La galerie Jousse Entreprise est heureuse d’annoncer la nouvelle exposition personnelle de l’artiste Ange Leccia du 10 octobre au 16 novembre 2024.
Vernissage jeudi 10 octobre de 16h à 21h en présence de l’artiste
« Cela fait douze ans que je travaille avec Ange Leccia en tant que compositeur et designer sonore. Parfois c’est un coup de téléphone, à la fois chaleureux et bref, par lequel il m’expose les contours d’un nouveau projet. Parfois c’est un simple SMS laconique : peux-tu me faire une bande-son ? Je n’ai jamais refusé. Il m’arrive de travailler à partir d’images montées, d’autres fois, au contraire, je n’ai rien à regarder, ou si peu, quelques secondes de rushes, quelques captures immobiles. Dans ces cas, c’est au sonore de guider le scénario du film. Nos collaborations se suivent mais ne se ressemblent pas. Cette dimension ludique m’a toujours séduit. Il me faut à chaque fois expérimenter, échafauder à partir de ce que je sais de son imaginaire. Quand j’en ressens le besoin, je l’appelle. J’écoute Ange me donner de vagues indices. Je l’écoute conter une anecdote, décrire une scène, un cadre, un geste, une irisation, un reflet, et je cherche à saisir ce qui, dans ses paroles, fait retour. Les mots, les idées, qui reviennent comme des vagues. Quelque chose qui meurt et renaît, me dit-il cette fois-ci au téléphone, à propos de la bande-son que je dois réaliser à l’aveugle. Trois jours plus tard, il l’écrit dans un message : ce traitement du son me plaît, ça s’enfuit, ça disparaît, et ça renaît de ses cendres. Ange aime les ressacs, ceux de la mer, ceux des souvenirs. Des ressacs sans violence, comme au ralenti, qui vont et viennent, de la surexposition à la pénombre, avec lenteur, rêveusement. Ses images ont ce charme hypnotique et suspendu, comme la persistance d’émois lointains, étendus dans un été sans fin, que l’oubli menace, tel un courant mauvais, mais ne parvient jamais à emporter au large. Ses images attirent le bruit, le son, le pouvoir suggestif d’une chanson, elles l’appellent, comme on invite un partenaire à danser. Ses images, même muettes, sont musicales. Elles se balancent. Elles bruissent. Elles ondoient. Slow. Le temps s’étire pour que le souvenir puisse faire son nid. Souvenir de parfum, de lumière déclinante, d’un sol qui glisse sous les pas, du frôlement d’une joue, d’un bras recourbé comme une anse autour du cou. Puis, l’instant d’après, le lendemain, le siècle suivant, la solitude, la solitude fondamentale de tout un chacun face aux images. Un plan serré sur un visage adolescent, un regard caméra aux clignements traîneurs. Motif récurrent de ses films. Moment de tension silencieuse, d’incommunicable intériorité où toutes les chansons d’amour scintillent, où toutes les chansons d’amour s’éteignent. J’ai filmé ces images l’été 1999, me dit-il, quand finalement il me les montre. Slow. Comme leur remontée depuis les profondeurs d’un transistor abandonné nonchalamment sur une serviette de plage. Images au pouvoir étrange, qui nous scrutent, nous enlacent, nous accueillent dans la langueur d’une mémoire rêvée. Et alors, brusquement, nous nous souvenons : ce soir-là, aucun d’entre nous n’était parvenu à dire je t’aime, et le dernier été du vingtième siècle touchait bientôt à sa fin. »
Julien Perez
Communiqué de presse (PDF)Vernissage : 10/10/2024 4:00
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